Naeko à l’abordage des scènes du Grand Est

Naeko à l’abordage des scènes du Grand Est

Originaire de Strasbourg, Naeko est un artiste anti-pop en pleine ascension, notamment dans les festivals du Grand Est.

Trouvant son inspiration dans la culture japonaise et dans les sonorités de chanteurs américains comme Juice World ou XXXTentacion, Naeko se présente comme un artiste dont le style musical vient briser les codes de la pop. Cela passe d’abord par un processus de métissage des genres, avec des influences tirées du rap, du rock ou encore de l’electro. Par exemple, on reconnaît dans son titre Lune une allure très rap, tant au niveau des instruments que de son flow, tandis que Plus rien après semble plus proche de la pop classique, avec tout de même une touche electro dans sa production musicale. « Le principal, c’est de ne pas se donner de limite dans la structure des morceaux », relève le musicien avec un léger sourire. Les paroles, elles aussi, jouent un rôle important dans le style bien à part de l’interprète strasbourgeois, avec des thèmes souvent profonds le touchant personnellement. « J’ai commencé en faisant des reprises, puis j’ai eu envie d’exprimer des choses que j’avais plus de mal à dire dans la vraie vie », se souvient-il alors. Cet aspect se ressent notamment dans Le son de l’âme, chanson dans laquelle il exprime son impression de se perdre dans ses émotions, tout en se recherchant au travers de lyrics chantées à la première personne : « Car si j’suis honnête / J’peux plus m’rappeler de qui j’étais / Quel est le son de l’âme / Le son de l’âme ».

 

Naeko © Alexis Barthélémy

 

 

Une bande de copains

S’il avoue se retrouver régulièrement dans des phases de remise en question, il peut compter sur un entourage solide pour le soutenir. Chaque membre de son équipe est choisi judicieusement pour s’assurer que le projet Naeko ne soit pas qu’un nom de scène, mais une aventure humaine avant tout. Qu’il s’agisse de son beatmaker, de son guitariste ou même de sa manageuse, il les connait tous. « Je préfère travailler avec des gens qui sont peu compétents de base, mais qui ont envie et qui sont passionnés par le projet, que des gens qui sont sur-compétents mais qui, à la fin, se moquent de qui tu es », dévoile-t-il. Et de continuer : « Je ne travaille pas avec des gens avec qui ça ne matche pas, c’est une bande de copains avant tout ! ». En-dehors de ses collaborateurs, il peut aussi compter sur ses plus grands fans, qu’il appelle plutôt sa famille. Alors qu’il avait une petite pression vis-à-vis de leur réaction, la réalité l’a agréablement surpris. « Ils m’ont dit “Finis tes études, après tu fais ce que tu veux.“ Du coup, j’ai fini mes études et j’ai fait ce que je voulais ! » rigole-t-il fièrement, avant de poursuivre : « Plus j’étais dans ma position d’assumer d’être un artiste, et plus ma famille l’acceptait ».

 

Naeko © Kevin Besse

 

Mourir pour mieux renaître

Le 9 mai dernier, Naeko sortait son single Mourir pour mieux renaître, un son à la fois fort et introspectif, mais qui cache surtout l’histoire d’un morceau créé sur un coup de tête. Composé et rédigé dans sa quasi-totalité le soir de son anniversaire, entre minuit et deux heures du matin, il sort comme un véritable exutoire pour le Strasbourgeois. « Je l’ai écrit dans une phase où j’avais l’impression qu’un peu tout se pétait la gueule autour de moi, des personnes qui se sont un peu éloignées, des portes qu’on voyait se fermer, des refus… C’était une période un peu sombre, de remise en question et de doutes », confie-t-il. « Généralement, dans ma musique, j’essaie de trouver la lumière dans l’obscurité. Mourir pour mieux renaître, c’est un peu comme des cycles naturels. Un arbre, il perd ses feuilles, et il en a de nouvelles quelques temps après. C’est pareil pour l’être humain. Je pense qu’il faut se débarrasser de ses feuilles mortes et capter les raisons pour lesquelles tu es dans cette situation désagréable, accepter de les laisser mourir pour mieux renaître et avancer vers un nouveau cycle. » Aujourd’hui, le single comptabilise déjà plus de 15 000 écoutes sur Spotify. Pour ce qui est des studios, Naeko prévoit de sortir, en septembre, un projet comptant au moins dix titres. « Symboliquement, je voulais le nombre 10, parce qu’il y a un zéro, donc deux chiffres. C’est ce côté dualité, construire-déconstruire, mourir pour mieux renaître… Tout s’emboîte bien ! » conclut-il avec un grand sourire.


À Décibulles (Neuve-Église) vendredi 11 juillet et au Cabaret Vert (Charleville-Mézières) dimanche 17 août
decibulles.comcabaretvert.com

Photo mise en avant : Cover Mourir pour mieux renaître, Naeko © Kevin Besse + Less 

Akira No Face montre l’envers du masque avec “Isidro”

Akira No Face montre l’envers du masque avec “Isidro”

Le jeune rappeur belfortain Akira No Face a dévoilé en avril dernier Isidro, un EP contenant quatre titres aussi mélancoliques qu’introspectifs.

Influencé par les mangas qu’il dévore avec passion, Akira se décrit comme un rappeur « mélancoli-festif », avec des paroles tantôt sombres, tantôt porteuses de lumière. Dans Isidro, la musique se révèle comme un exutoire pour l’artiste. Chaque son aborde des thèmes profonds dans lesquels le chanteur met une part de lui-même, notamment en se confiant sur ses peines, à la première personne. Dans Tout seul sur la map, qui ouvre le micro album, il exprime une sensation d’être son propre ennemi, utilisant à foison le lexique du jeu vidéo. Pour lancer le premier refrain, notre homme dit ne voir « que des points rouges sur la map » – points rouges qui, dans certains jeux, indiquent la présence d’un ennemi à proximité –, avant de répliquer « Pourtant j’suis tout seul sur la map ».

 

 

Les deux tracks qui suivent sont des clins d’œil directs au manga Berserk et portent, chacune, le nom d’un des personnages de l’œuvre du regretté Kentarō Miura. Le premier, Guts, relate une volonté de se battre pour aller de l’avant. « Guts est pour moi la symbolique même de combattre ses démons » confesse Akira. Le suivant, Isidro – qui donne son nom à l’EP –, propose une image à la fois similaire et très différente du précédent. « Isidro, c’est le petit garçon qui doit avancer dans un monde difficile et croire en lui », continue-t-il. À l’instar du manga, l’artiste dessine en deux morceaux un univers très complexe, ainsi que sa propre introspection, pour laquelle il s’aide des deux protagonistes fictifs susmentionnés. Enfin, le mini-disque est conclu par Dans nos cœurs, chanson dans laquelle il approfondit son observation de soi, exprimant ses douleurs, ses regrets et ses doutes : « J’hésite entre faire quelque chose de grand ou disparaître / Autour de moi y a tout pour que j’arrête / Dans ce rap, j’trouve personne qui me ressemble / Je les écoute plus la plupart disent pareil », déclame-t-il avec rage.


Aux Eurockéennes (Belfort) samedi 5 juillet
eurockeennes.fr

Photo mise en avant : © Akira No Face

 

Cover Isidro © Akira No Face