L’histoire dans la poche avec Burginzepocket

par | 25 mars 2024 | Culture, Histoire

L’illustrateur Jean-André Deledda développe Burginzepocket, projet numérique permettant de voir à quoi ressemblaient quatre châteaux alsaciens à l’époque de leur construction.

Voilà presque dix ans que Jean-André Deledda et son équipe travaillent sur les ZOOMelles et le PériZCOPE, applications gratuites et pédagogiques visant à modéliser, en 3D, des châteaux forts de la Communauté de communes de Barr. Spesbourg, Haut-Andlau, Bernstein et Landsberg sont dans leur viseur. « Elles s’inscrivent dans une démarche ludique, aussi bien à destination des enfants que d’adultes cherchant plus de précisions historiques », renseigne le président de l’association à l’origine du programme. Grâce à la photogrammétrie, une technique de mesure basée sur des prises de vue réelles réalisées avec des drones, les quatre bâtiments partiellement en ruines ont pu être remodelés numériquement, afin de se rapprocher le plus possible de leur apparence aux XIIIe et XVIesiècles. « Depuis quatre ou cinq ans, nous sommes notamment en contact avec Jean-Michel Rudrauf et Georges Bischoff, archéologue et historien spécialistes du sujet », ajoute Jean-André Deledda. « Cela nous permet d’être le plus précis possible dans nos reconstitutions. C’est la raison pour laquelle nous collaborons aussi avec les associations de restauration et sauvegarde des châteaux. »

 

Plongée dans le passé
Le mois de mai devrait voir le lancement du dispositif des ZOOMelles. « Le but est de lier les quatre structures entre elles », explique l’ancien étudiant en Arts décoratifs. « Les ZOOMelles s’activent en scannant un QR Code, sur son smartphone. Ensuite, il suffit de le pointer sur la ruine, puis de se laisser guider. » Le concept se veut également multilingue : français, alsacien, allemand et anglais. Quant au PériZSCOPE, il révèlera les pièces intérieures et extérieures des fortifications, à travers des vidéos explicatives. « Tout le monde ne le sait pas forcément, mais à l’époque, une partie du mur d’enceinte du Spesbourg abritait un pont-levis. C’est en regardant la forme des pierres et la façon dont elles ont été taillées que l’on peut le deviner. » Les restes de cheminées contre les parois renseignent aussi sur la présence d’étages, tout comme l’existence d’une cuisine d’antan et l’empreinte d’un incendie particulièrement puissant dans un coin supérieur. « Nous travaillons encore sur cette appli. Pour l’instant, seul le prototype du Spesbourg a été conçu. Lorsqu’elle sera prête, le public pourra par exemple découvrir que l’une des deux tours du château d’Andlau servait de citerne à eau. Ce sont des anecdotes que l’on souhaite mettre en avant, afin de rendre cette architecture encore plus compréhensible. »

Un dernier pour la route
Enfin, la création d’un jeu mettant en scène des personnages historiques est à l’étude. Gertrude von Dabo, Konrad von Vinhege, Eberhard d’Andlau et Walter von Dicka, seigneurs rattachés respectivement au Bernstein, au Landsberg, au Haut-Andlau et au Spesbourg, interagiront ensemble pour combattre l’influence du sinistre chevalier Hans von Trotha, en quête de pouvoir. « Nous sommes en discussion avec un concepteur de jeu vidéo dans le but de voir ce qu’il est possible de faire. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’au début ! », sourit-il.

Face à ce projet ambitieux, Burginzepocket peine toutefois à réunir le budget pour le financer. « Pour être tranquilles, il nous faudrait une enveloppe d’environ 60 000 € », conclut Jean-André Deledda. Bien que l’association du Spesbourg et le Crams, (Centre de recherches archéologiques et médiévales de Saverne) soutiennent son équipe, cette dernière s’autofinance presque entièrement. À ce titre, elle commercialise La cuvée des 4 châteaux, série de vins collector créée en collaboration avec le Domaine André Dolder (Mittelbergheim, 12 € la bouteille).

burginzepocket.alsace

Lire aussi