Suzane : Millénium, 3e opus entre espoir et dénonciation

par | 27 novembre 2025 | Culture, Musiques, Non classé

Rap, chanson française et electro coulent à flots dans Millénium, troisième album engagé, dansant et fédérateur de Suzane.

 

Après Toï Toï (2020) et Caméo (2022), vous revoilà avec Millénium. Vous y dépeignez le monde tel que vous le voyez, sans détour. Dans quel état d’esprit étiez-vous pendant l’écriture ?
Je me suis retrouvée dans une phase où beaucoup de choses avaient changé dans ma vie. Mon premier album a tout chamboulé, j’ai fait beaucoup de concerts et j’étais arrivée au stade où la scène m’avait recrachée. En passant du bruit au silence, j’avais besoin de retrouver l’essence de ma musique, seule sur mon canapé. À un moment donné, j’ai eu le choix entre déprimer ou retourner en studio et extérioriser mes doutes, mes angoisses, tout ce qui me nourrit et crée un vacarme dans mon esprit. J’aime cette sensation, mais c’est mieux de la transformer en lumière.

 

Votre univers à la croisée des styles charrie naturellement une instrumentation riche, notamment marquée par le piano…
Je voulais absolument qu’il y en ait, car il relie tout le monde. C’est un pont entre la chanson française – on le retrouve sur des morceaux comme Virile ou À la vie –, le rap et la texture electro faite de synthés, gros kicks et logiciels. C’est donc une musique très physique, capable de faire lever une foule entière et servant d’exutoire au corps.

 

 

Le rappeur Youssoupha partage avec vous Plus que moi, prônant l’amour de soi et une approche féministe. Pourquoi avoir collaboré avec lui ?
Il est dans ma playlist depuis quelques années, et bien que l’on ne soit pas de la même génération, je me reconnais dans ses textes. C’est un papa du rap, sa musique n’est pas uniquement là pour divertir, mais aussi pour dénoncer et alerter. Le feat s’est fait spontanément : nous avons tous les deux sorti un album cette année – sa chanson Dieu est grande, pensée pour sa fille, m’a beaucoup touchée –, il m’a félicitée d’avoir écrit et porté Je t’accuse [hymne abordant le sujet des viols et des féminicides et critiquant la justice, NDLR], mes meilleures amies aiment sa sensibilité… Travailler avec lui était dans ma to-do list, et il a décidé que ce serait maintenant [rires].

 

Malgré les difficultés recensées au fil du disque, l’espoir est omniprésent, notamment avec Marche ou rêve, qui l’ouvre, et À la vie, qui le clôt.
Pour la première, j’ai eu comme la sensation qu’il était temps de regarder dans le rétro, de me retourner sur cette gamine de 17 ans que j’avais été, à qui l’on répétait que rien ne fonctionnerait jamais. J’aime insuffler de l’espoir aux jeunes, en particulier à ceux qui sont en décrochage scolaire, car j’ai toujours cette immense culpabilité de ne pas avoir coché cette case. À la vie est une chanson qui est arrivée très vite. Je me suis installée au piano durant la nuit et je ne sais pas d’où elle est sortie. Je me pose beaucoup de questions dans cet opus. Je voulais donc terminer par une ode à la vie, par cette envie féroce de vivre, même si je n’en comprends pas tout le sens.

 

À La Vapeur (Dijon) jeudi 4 décembre, à la Cartonnerie (Reims) jeudi 11 décembre, à La Rodia (Besançon) vendredi 12 décembre puis en 2026 à la BAM (Metz) vendredi 6 février et à La Laiterie (Strasbourg) vendredi 20 novembre
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Édité par 3ème Bureau / Wagram Music
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