Avec son premier spectacle Main mise, la ventriloque Le cas Pucine présente Eliott, sa marionnette infatigable.
À 25 ans, l’humoriste Capucine Duchamp, dite Le cas Pucine, arrive doucement à la fin d’une tournée marquée par les thèmes de l’enfance et du passage à l’âge adulte. Révélée au grand public après sa victoire lors de l’édition 2019 de La France a un incroyable talent, l’artiste est accompagnée d’un personnage haut en couleurs. « Eliott est une version de moi-même extrapolant mes défauts et particularités », explique la jeune femme. « C’est un clown. Il va dans tous les sens, il est très impatient, spontané, surexcité. Étrangement, ce caractère passe bien dans le corps d’une marionnette. » Elle rencontre son attachant camarade pendant ses années lycée, durant lesquelles elle publie ses premiers sketchs sur les réseaux sociaux. Depuis, elle a croisé la route d’Éric Antoine et Jérémy Ferrari. Ensemble, ils créent un spectacle mêlant poésie et provocation, trouvant un juste milieu entre deux inspirations plutôt à l’opposé l’une de l’autre. « À aucun moment ils ne m’ont pondu mes vannes », précise-t-elle. « Ils m’ont vraiment fait accoucher de moi-même, pour que je m’approprie complètement ce qu’il se passait. Ce sont mes mots, mes phrases, mes propos. » Avec un sourire, la comédienne se souvient qu’il leur a fallu 424 heures de rendez-vous d’écriture pour mettre le doigt sur ce qu’elle voulait dire.
Elle n’a jamais appris la technique de la ventriloquie – elle s’est découvert ce talent en se brossant les dents avant d’aller en heure de colle. Pourtant, devenir marionnettiste n’a pas été inné. « Il a fallu que ma main devienne assez souple pour que le personnage paraisse vivant », explique-t-elle. « C’est un peu comme travailler son archet quand on est violoniste. En plus, j’ai décidé de manipuler à droite, alors que je suis gauchère. C’est ce qui a été le plus dur pour moi. » Petite, Le cas Pucine faisait aussi partie du chœur d’enfants de l’Opéra de Paris. Une formation qu’elle met à profit dans son spectacle, puisqu’Eliott y chante en allemand. « Il parle aussi tout un tas d’autres langues. On ne sait pas trop ce que ça veut dire, mais il en est très fier ! » Au fil du temps, le dragon vert a d’ailleurs fait face à quelques déconvenues. En automne dernier, le voilà empaqueté dans une valise, direction Tahiti. « Arrivé à la douane, il bipe », raconte son interprète. « Au moment où le contrôleur tape sur le bagage en demandant ce que c’est, j’entends quelque chose éclater. Il a fait exploser son œil ! C’était horrible, car on était le jour d’Halloween, et on devait jouer le soir-même. Tous les membres de la ville de Papeete ont dû être mobilisés pour dénicher la bonne colle et reconstituer l’œil d’Eliott. » Aujourd’hui, le reptile va mieux. Capucine n’a pas non plus fini de l’exploiter, attendant impatiemment de voir comment son Jimini Cricket va s’imbriquer dans les différentes étapes de sa vie.
Manon Plet et Flavie Scheppler participent au Raid Amazones, un projet sportif et solidaire au cœur du Cambodge… au déroulé un peu inattendu ! Rencontre avec la moitié du duo.
Le Raid Amazones est une course 100% féminine, se déroulant tous les ans dans un nouveau pays. Comment est née l’idée d’y participer ? Manon Plet : Flavie et moi nous sommes rencontrées à l’école de management du sport Win sport School, à Strasbourg. Nous avons tout de suite accroché, donc je lui ai rapidement parlé du Raid. Je connaissais déjà le concept, et cela faisait un moment qu’il me trottait dans la tête. De plus, nous y participons en tant qu’ambassadrices de l’association ARTTA. Cette dernière soutient les personnes atteintes de troubles alimentaires, notamment l’anorexie, comme ce fut mon cas pendant dix ans. Le côté humanitaire du Raid m’intéresse beaucoup. La course n’est pas uniquement composée de défis, mais de rencontres avec la population.
Le matin est effectivement dédié à la compétition. L’après-midi, les équipes apportent leur aide aux habitants, en livrant par exemple des affaires scolaires, tout en découvrant le terri- toire. Un programme plutôt chargé !
Pour éviter de concourir sous 35 ou 40°C, nous faisons les épreuves tôt dans la matinée. Le réveil est programmé à 3 ou 4h, pour enchaîner sur des courses de trail, run and bike, canoë, VTT sur une quarantaine de kilomètres, tir à l’arc et course d’orientation dans les temples d’Angkor ! Tout le matériel sportif est fourni sur place, nous n’emportons qu’un paquetage avec des t-shirts, sacs ou gourdes rouges aux couleurs du Raid.
Pour ma part, j’ai toujours été suivie par un coach et j’adore le trail et le VTT. Je n’ai donc pas trop changé mes habitudes. Flavie, par contre, s’y est vraiment mise depuis cinq ou six mois. Pendant l’été, nous avons pris des cours de canoë et de tir à l’arc, à Erstein et Illkirch. Un autre volet de la prépa- ration concerne aussi le financement du projet et la prospection de sponsors. C’est ce qui a compliqué les choses et forcé à revoir nos plans.
Que voulez-vous dire ?
Eh bien, à la base, Flavie et moi devions participer ensemble à la course. Nous étions réunies sous le nom Les Silencieuses, en écho à ma maladie qui, à mon sens, est peu connue et généralement passée sous silence. À deux, la participation s’élève à près de 10 000 €. Nous avons donc ouvert une cagnotte en ligne pour en financer une partie. Nous avons également pu compter sur des partenaires, comme l’école, des PME, des associations sportives et le magasin Terres de Running. En définitive, nous n’avons pas réussi à réunir la somme. Faute de pouvoir décaler notre participation, nous avons dû nous séparer. L’organisation du Raid a ainsi aidé Flavie à intégrer une autre équipe. Elle participe donc à la course de mars, et moi, à celle de la fin d’année. Nous partagerons néanmoins notre périple sur nos comptes commun et persos, chacune notre tour !
L’illustrateur Jean-André Deledda développe Burginzepocket, projet numérique permettant de voir à quoi ressemblaient quatre châteaux alsaciens à l’époque de leur construction.
Voilà presque dix ans que Jean-André Deledda et son équipe travaillent sur les ZOOMelles et le PériZCOPE, applications gratuites et pédagogiques visant à modéliser, en 3D, des châteaux forts de la Communauté de communes de Barr. Spesbourg, Haut-Andlau, Bernstein et Landsberg sont dans leur viseur. « Elles s’inscrivent dans une démarche ludique, aussi bien à destination des enfants que d’adultes cherchant plus de précisions historiques », renseigne le président de l’association à l’origine du programme. Grâce à la photogrammétrie, une technique de mesure basée sur des prises de vue réelles réalisées avec des drones, les quatre bâtiments partiellement en ruines ont pu être remodelés numériquement, afin de se rapprocher le plus possible de leur apparence aux XIIIe et XVIesiècles. « Depuis quatre ou cinq ans, nous sommes notamment en contact avec Jean-Michel Rudrauf et Georges Bischoff,archéologue et historien spécialistes du sujet », ajoute Jean-André Deledda. « Cela nous permet d’être le plus précis possible dans nos reconstitutions. C’est la raison pour laquelle nous collaborons aussi avec les associations de restauration et sauvegarde des châteaux. »
Plongée dans le passé Le mois de mai devrait voir le lancement du dispositif des ZOOMelles. « Le but est de lier les quatre structures entre elles », explique l’ancien étudiant en Arts décoratifs. « Les ZOOMelles s’activent en scannant un QR Code, sur son smartphone. Ensuite, il suffit de le pointer sur la ruine, puis de se laisser guider. » Le concept se veut également multilingue : français, alsacien, allemand et anglais. Quant au PériZSCOPE, il révèlera les pièces intérieures et extérieures des fortifications, à travers des vidéos explicatives. « Tout le monde ne le sait pas forcément, mais à l’époque, une partie du mur d’enceinte du Spesbourg abritait un pont-levis. C’est en regardant la forme des pierres et la façon dont elles ont été taillées que l’on peut le deviner. » Les restes de cheminées contre les parois renseignent aussi sur la présence d’étages, tout comme l’existence d’une cuisine d’antan et l’empreinte d’un incendie particulièrement puissant dans un coin supérieur. « Nous travaillons encore sur cette appli. Pour l’instant, seul le prototype du Spesbourg a été conçu. Lorsqu’elle sera prête, le public pourra par exemple découvrir que l’une des deux tours du château d’Andlau servait de citerne à eau. Ce sont des anecdotes que l’on souhaite mettre en avant, afin de rendre cette architecture encore plus compréhensible. »
Un dernier pour la route Enfin, la création d’un jeu mettant en scène des personnages historiques est à l’étude. Gertrude von Dabo, Konrad von Vinhege, Eberhard d’Andlau et Walter von Dicka, seigneurs rattachés respectivement au Bernstein, au Landsberg, au Haut-Andlau et au Spesbourg, interagiront ensemble pour combattre l’influence du sinistre chevalier Hans von Trotha, en quête de pouvoir. « Nous sommes en discussion avec un concepteur de jeu vidéo dans le but de voir ce qu’il est possible de faire. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’au début ! », sourit-il.
Face à ce projet ambitieux, Burginzepocket peine toutefois à réunir le budget pour le financer. « Pour être tranquilles, il nous faudrait une enveloppe d’environ 60 000 € », conclut Jean-André Deledda. Bien que l’association du Spesbourg et le Crams, (Centre de recherches archéologiques et médiévales de Saverne) soutiennent son équipe, cette dernière s’autofinance presque entièrement. À ce titre, elle commercialise La cuvée des 4 châteaux, série de vins collector créée en collaboration avec le Domaine André Dolder (Mittelbergheim, 12 € la bouteille).
Le Suisse Nuit Incolore continue de briller sur la scène francophone. Fort d’un premier album éclectique, le voilà en pleine tournée.
Un album et un NRJ Music Award plus tard, Théo Marclay, alias Nuit Incolore, a aussi concouru aux Victoires de la musique 2024, dans la catégorie Révélation francophone de l’année. Si ce sacre lui a échappé, le jeune chanteur a toutefois déjà trouvé sa place dans l’univers musical transfrontalier, en tout juste deux ans. Entre emo-pop et hip-hop mélancolique, La Loi du papillon, son premier opus, explore son passage de l’ombre à la lumière. « J’avais deux mois pour le créer », se souvient-il avec un sourire dans la voix. « Je me suis retrouvé à écrire dans le train, en allant à Marseille, en voyageant en avion au Japon et pendant mes trajets en Suisse. Le projet a évolué avec moi, il est allé partout, ce qui me semble cohérent avec ce thème de l’évolution. » Parmi 16 titres – tous en français, une façon « d’être compris par [ses] grands-parents et de ne pas se retrouver loin des gens » –, trois d’entre eux sont co-écrits et performés en duo. Bêtes noires, Paradoxe et Rendez-vous sont ainsi partagés avec Tsew the Kid, Mentissa et le groupe Kyo. « Au début, j’avais très peur de travailler avec eux », confie le jeune homme de 22 ans. « Je savais que je ne voulais pas travailler seul, mais je craignais de ne pas être à la hauteur. Finalement, je me suis rendu compte que ces échanges m’ont permis de m’ouvrir à d’autres avis musicaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce sont les chansons de l’album que je préfère, d’autant qu’elles appartiennent à trois styles bien différents. »
« J’attire la foudre j’attire les bêtes noires/ Ça m’emprisonne bien loin de toi », reprend-il dans le très rock Bêtes noires, morceau hip-hop teinté de désespoir et de pessimisme. « Tout a une fin », analyse-t-il. « La carrière d’un artiste est éphémère, il faut savoir en profiter sans se perdre, en gardant les pieds ancrés dans le sol. Paradoxalement, le piège est également de ne pas en redemander assez. » A contrario, le violon et le piano posés sur Paradoxe apportent une esthétique plus tendre et pop à l’ensemble. « Mentissa et moi avons tous les deux été adoptés, nous ne connaissons pas nos origines. Lorsque j’ai su que nous travaillerions ensemble, j’ai tout de suite voulu faire quelque chose de doux. » Quant au duo pop-rock avec Kyo, la thématique du suicide y est abordée : « Je compte les secondes, le doigt sur la détente / Je n’appuierai jamais, je pleure ceux qui l’ont fait ». « Travailler avec Benoît Poher et son groupe a vraiment été le gâteau sur la cerise ! », lance l’artiste. « Je me rappelle du jour où mon éditrice est venue me voir, me disant que Kyo m’appréciait. Je n’y croyais pas. Nous nous sommes ensuite rencontrés dans un bar parisien, puis la collaboration a pris forme. »
Au Moloco (Audincourt) vendredi 22 mars, à La Vapeur (Dijon) samedi 23 mars, à L’Autre Canal (Nancy) mercredi 27 mars, à la BAM (Metz) mercredi 3 mai et au Bœuf sur le Toit (Lons-le-Saunier) jeudi 4 mai
Cherchant à promouvoir la danse sous toutes ses formes et à la rendre accessible au plus grand nombre, le festival Décadanse revient pour une troisième édition dans les relais culturels des Scènes du Nord. Sophie André, directrice de La castine (Reichshoffen), présente le programme.
Cette année, des ateliers et bord plateau font leur apparition dans le festival Décadanse. En quoi consistent-ils ?
La castine accueille effectivement un rendez-vous qui s’appuie sur Les Joues roses, le spectacle présenté par notre structure. En quelques mots, cette proposition étudie le thème de la transmission, en particulier d’une mère à une autre mère. Pour l’illustrer, les deux danseuses présentes sur scène utilisent des poupées russes, les déboitant au fur et à mesure, jusqu’à atteindre la plus petite d’entre elles. Les comédiennes changent aussi de costumes au fil de la représentation, dans un jeu de lumières très doux et poétique. Nous avons voulu garder cette atmosphère en proposant un atelier parent-enfant, afin d’explorer encore plus en détails la relation entre la danse et les personnes.
La Compagnie EZ3, déjà à l’affiche l’année dernière, est de retour… et pour encore un moment !
Oui, leur résidence devait s’achever cette année, mais les artistes sont finalement reconduits pour trois ans supplémentaires. Ils rejouent leur pièce contemporaine Heres : Nel nome del figlio, s’appuyant toujours sur la participation de danseurs amateurs. L’union entre chorégraphie et musique est une façon d’amener le public à s’intéresser à la danse. L’œuvre de cette compagnie inclut justement des percussions, afin d’examiner, cette fois, les relations père-fils.
La filiation semble au cœur de cette nouvelle édition. Est-ce une coïncidence ?
C’est assez drôle, car nous avons réalisé qu’un certain fil rouge se dégageait des tableaux que nous avons choisis. Pourtant, cela a vraiment été un pur hasard ! Qu’il s’agisse de la MAC de Bischwiller, de l’Espace Rohan à Saverne, de La Saline à Soultz-sous-Forêts, du Relais culturel de Haguenau ou de La castine, nous avons fait notre sélection chacun de notre côté. Cette année, exceptionnellement, il manque les spectacles du Relais culturel de Wissembourg, qui ont dû être annulés.
La programmation n’en reste pas moins riche et diversifiée.
Effectivement, et c’est un des critères du festival. Le but est vraiment d’essayer d’intéresser les gens en mélangeant les genres. Dividus est par exemple davantage destiné aux adultes. Il met également en scène sept danseurs, donc il existe cet aspect de groupe qui, à mon sens, est plutôt attrayant. Rock it Daddy plonge dans une énergie folle, alliant hip-hop et danse urbaine avec brio. Giselle, pour sa part, est un ballet sur grand écran. Quant à Deux riens, il s’attarde sur des mimes clownesques. On fait le grand écart avec ces huit spectacles, et c’est le but.