La tête dans les licornes

La tête dans les licornes

À 27 ans, Bruno Graffer vit de sa passion pour le graff sur les réseaux sociaux. Customisation, peinture, participation à des festivals… le Strasbourgeois multiplie les projets en 2023.

 

« J’aime dessiner sur des paires de baskets, je croque les cartes Pokémon en personnages parodiques depuis peu, j’ai eu la chance de peindre une pièce entière lors du dernier festival parisien Colors, en février… c’est que du fun ! » Bruno Bosse, alias Bruno Graffer, profite de chacune de ses réalisations pour l’immortaliser en vidéo, avant de la poster sur Internet. Avec quelque 221 000 abonnés sur Instagram, 593 000 sur YouTube et plus de 3 millions sur TikTok, le jeune homme aux cheveux décolorés et à la barbe de hipster a la chance de vivre de son art depuis fin 2020. « C’est aussi dû à l’effet Covid et aux confinements », admet-il. « À cette période, je vivais chez mes parents et j’avais également beaucoup plus de temps pour créer. »

 

Aujourd’hui, le Strasbourgeois originaire de Haute-Savoie n’est plus un anonyme dans l’univers de la création de contenus. « Il y a deux ans, j’ai pu peindre une fresque pour le youtubeur Squeezie… c’est l’un des projets que j’ai préférés ! » sourit-il. « Non seulement, il compte parmi ceux qui m’ont demandé le plus de temps et de réflexion, mais surtout, le résultat est impressionnant. » Un peu comme les 700 noms d’abonnés inscrits au marqueur sur le mur de son salon, qui ne passent définitivement pas inaperçus : « Cette idée a été lancée en 2021, durant un live sur la plateforme Twitch. Cela crée du lien avec ma communauté, mais actuellement, je n’ai plus de place… je me souviens pourtant de Vernex, le tout premier nom à y avoir été écrit. »

 

Bruno se rappelle aussi ses débuts avec le street art. « J’ai grandi dans un petit village haut-savoyard, donc autant dire que l’art urbain, là-bas, il n’y en a pas beaucoup. C’est déjà compliqué d’en voir, alors pour en faire, c’est encore pire ! » En 2016, il déménage à Lyon et débute une remise à niveau en arts appliqués, avant de se spécialiser en design graphique numérique à Villefontaine. En deux ans, il « découvre un peu ce monde, mais le regarde plus qu’il n’en fait partie. » Ce n’est qu’en 2018 qu’il arrive à Strasbourg, pour un master en design graphique au Corbusier. Là, il se familiarise avec le collage et apprend les règles du milieu, grâce à des échanges avec des artistes locaux.

 

En un peu plus d’un an, Bruno Graffer colle quelque 500 illustrations sur des boîtiers électriques, un espace « qui ne dérange personne et n’appartient ni au propriétaire du bâtiment, ni à la ville. » Toutefois, moins de cinq créations perdurent à l’heure actuelle, faisant du collage « un art frustrant et très éphémère. » D’autres belles rencontres émaillent également le parcours de ce professionnel de la bombe de peinture, notamment celle avec l’adjoint à la culture d’Angers. « L’été dernier, un ami et moi collions une céramique dans la ville, quand un homme nous a reconnus », se remémore-t-il. « Très naturellement, je lui ai proposé d’aller discuter autour d’une pizza, mais ce n’est qu’après que j’ai appris qui il était. Il adorait ce que nous faisions, il trouvait que ça décorait bien l’environnement. C’est génial qu’une telle personne apprécie notre travail ! Avec l’arrivée des beaux jours, Bruno réfléchit à l’organisation de séances de dessin à la craie, place Kléber, tous les mercredis. Une façon d’initier les curieux, comme il l’a lui-même été.

 

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Prendre de la hauteur à Breitenbach

Prendre de la hauteur à Breitenbach

C’est un projet qu’Emil Leroy-Jönsson a porté huit ans, avant de pouvoir ouvrir, en juillet 2020, le 48° Nord Landscape Høtel (empruntant son nom à la latitude du site), l’un des endroits les plus étonnants d’Alsace. Hébergement composé de 14 hyttes – version scandinave de la hutte – accrochées à la montagne, il est, selon son concepteur, « un espace de liberté, où se conjuguent ouverture sur la nature et possibilité de profiter d’un lieu chaleureux. » Pour imaginer les quatre types de cabanes (deux ou quatre personnes, certaines étant munies de sauna ou de jacuzzi privatifs), le paysagiste a fait appel à un grand nom de l’architecture contemporaine, le norvégien Reiulf Ramstad. Cocons de vie, ces maisons de bois – « Du châtaigner des forêts de Breitenbach, scié en Alsace », précise Emil – hésitent entre épure élégante et harmonie minimaliste chic. Grâce à la sobriété des espaces s’ouvrant sur les paysages somptueux d’un site classé Natura 2000* et à la douceur des intérieurs (évidemment dépourvus de télévision) dont certains tutoient les nuages, chacun peut se laisser aller à une douce rêverie, quittant la frénésie de la vallée.

 

L’épicentre de ce charmant village nordico-alsacien est un long bâtiment passif abritant la réception, un spa et un restaurant où officie Frédéric Metzger. Jeune chef à l’instinct sûr et affûté, il est passé par de belles maisons. Les assiettes des menus sont composées d’ingrédients bio et locaux cultivés, cueillis, élevés, péchés ou chassés à moins de 150 kilomètres. La distance est divisée par cinq pour les vins, avec des flacons signés Jean-Pierre Rietsch ou Jean-Paul Schmitt. Aficionado de la gastronomie scandinave, le chef revendique une cuisine brute et spontanée, assumant une fascination pour René Redzepi, mythique trois Étoiles au Noma de Copenhague, puisqu’il utilise les techniques ancestrales de fumage et de fermentation. Le rapport au produit est frontal et la technique maîtrisée pour une cuisine brutaliste et goûteuse en diable où les saveurs sont démultipliées.

 

Le 48° Nord Landscape Høtel est situé 1048 route du Mont Sainte-Odile (Breitenbach). Séjours à partir de 225 € la nuit pour 2 adultes. Restaurant ouvert les soirs ainsi que le dimanche midi. Menus de 62 à 85 €.
hotel48nord.com

*Sites possédant une forte valeur patrimoniale en raison de leur faune ou de leur flore. On recense notamment ici la présence du Grand Murin, rare espèce de chauves-souris.

Les circuits courts, un monde pour demain

Les circuits courts, un monde pour demain

Le printemps est là, apportant dans son sillage le retour des primeurs sur les marchés. Asperges, fraises, rhubarbe et même cerises rempliront bientôt les étals des marchés, pour le plus grand plaisir de la clientèle. Des produits de saison, locaux et de qualité, de plus en plus accessibles directement chez le producteur. Acheter son yaourt à la ferme, prendre un colis de viande chez l’éleveur d’à côté, aller chez son maraîcher, craquer pour le bon fromage du paysan voisin… La filière du circuit court, qui supprime ou limite drastiquement les intermédiaires entre les agriculteurs et le public connait un franc succès ces dernières années, notamment depuis la crise du Covid-19. « Il y a eu un fort besoin de réassurance sur ce que nous mangions », explique Yuna Chiffoleau, chercheuse à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Un regain d’intérêt qui s’explique aussi par le prix des produits, généralement plus abordables qu’en grande surface. Certes, on observe un ralentissement dans le secteur depuis la flambée des prix et l’inflation, dû notamment aux idées, souvent erronées ou confuses, que se font les consommateurs sur la filière. « Tout le monde pense que le bio est plus cher », expliquait ainsi Didier Picard, président de l’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap), à Besançon, il y a quelques semaines de cela dans les colonnes de L’Est Républicain. Avant de préciser : « Cela peut être le cas dans les magasins spécialisés ou dans les rayons des supermarchés, mais pas en circuit court. » Puisqu’ils nécessitent peu de déplacements, les produits vendus en circuit court se retrouvent par exemple moins dépendants de la hausse du carburant. D’ailleurs, les producteurs ne s’y trompent pas, eux qui assurent avoir gagné, en 2022, 5 à 30 % de clients par rapport à la période précédant les confinements, d’après les enquêtes de l’Inrae.

Le concept est particulièrement apprécié dans le Grand Est, surtout en Alsace. La région dispose en effet d’une production agricole très diversifiée, la classant dans le top 3 des territoires français consommant le plus de produits locaux, aux côtés de la Bretagne et du Pays basque, selon une étude publiée par l’association Jean Jaurès en janvier 2023. De la coopérative Hop’la, créée en 2012 à Oberhausbergen, à la démultiplication des drives à la ferme et des cueillettes libres, en passant par les distributeurs de choucroute et autres fromages installés par l’enseigne Mon oncle Malker de Munster dans le hall de la gare de Strasbourg, l’Alsace est ainsi devenue la région de France où les circuits courts sont les plus développés. Mais qu’on vive dans le Bas-Rhin ou dans les Ardennes, en Bourgogne ou en Lorraine, il est désormais facile de trouver son bonheur près de chez soi, notamment grâce à la carte interactive mise en place par l’UFC-Que Choisir, qui recense les points de vente spécialisés dans le circuit court partout en France. Laissez-vous tenter !

Carte interactive des circuits courts UFC-Que choisir

Strasbourg : zoom sur la boulangerie Élodie & Jimmy

Strasbourg : zoom sur la boulangerie Élodie & Jimmy

Les futurs gagnants ? C’est en tout cas au cours des épreuves de sélection régionale, diffusées la semaine du 6 mars sur M6, qu’Élodie Christ et Jimmy Gless ont tiré leur épingle du jeu.

Établi à Strasbourg depuis 2019, le couple de boulangers-pâtissiers portera les couleurs alsaciennes lors de la finale nationale, prévue ce mois-ci. « Cela fait quelques années que l’émission nous sollicite, mais nous n’avions ni le temps, ni les effectifs pour nous engager », révèle le jeune homme. Dès lors qu’ils donnent leur aval, tout va très vite : « Mi-novembre, un vendredi, je prends connaissance d’un mail de la production », continue- t-il. « Nous y répondons favorablement… deux jours avant la clôture des dossiers ! Dix jours plus tard, le 6 décembre, les équipes de tournage arrivent chez nous, prêtes à filmer. » S’ensuit un engouement auquel ils ne s’attendaient pas, exprimé par des messages sur les réseaux sociaux ou – plus traditionnel – des cartes dans la boîte aux lettres. « Dès le lendemain, ça a été la déferlante de clients », se souvient Élodie. Tous demandaient le fameux Réconfort imaginé spécialement pour le programme, une création à base de raifort, mascarpone et compotée de poire. « Il nous a fallu trouver un équilibre entre l’accueil et la production, car tout était multiplié par deux ou trois en une journée. Nous avons vécu trois semaines intensives, pendant lesquelles il a fallu aussi aider nos trois vendeuses dans le magasin. »

Huit artisans gravitent ainsi autour des fondateurs, avec leur parcours insolite. Ancienne étudiante en médecine et ex-sapeur-pompier de Paris, Élodie et Jimmy décident de se reconvertir et d’ouvrir leur entreprise. Grâce à une formation en pâtisserie-boulangerie, ainsi qu’un passage chez les chefs pâtissiers chocolatiers Thierry Mulhaupt (Strasbourg) et Mathieu Kamm (Sélestat), les amoureux dénichent, dans la capitale alsacienne, le local idéal, près de l’église Saint-Maurice. Un emplacement concurrentiel, dans la mesure où cinq autres bou- tiques sont situées à moins de deux cents mètres. « Pour nous différencier, nous changeons notre carte trois fois par an », affirme Jimmy. « Nous travaillons aussi le plus possible au niveau local. Notre meunier vient d’à côté de Gérardmer et il nous fournit en farines Label rouge. Les figues que nous utilisons dans nos entremets d’été proviennent également de nos vergers, tout comme une bonne moitié des fraises, framboises et de la rhubarbe. » La carte printemps-été se révèle d’ailleurs doucement : en plus d’un produit exotique mixant les saveurs mangue, passion, praliné et noix de coco, Élodie pense à un dessert à base de framboise et de fleur d’hibiscus. « On cherche encore un fruit avec lequel le marier, tout n’est pas encore défini », sourit-elle.

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> La pâtisserie Élodie & Jimmy cherche actuellement à recruter

Paul Dewandre parle d’amour dans le Grand Est

Paul Dewandre parle d’amour dans le Grand Est

Une blouse de professeur pour aborder les relations hommes / femmes avec pédagogie, voilà une recette qui fonctionne depuis plus de vingt ans! Tout d’abord entrepreneur, Paul Dewandre porte différentes casquettes au cours de sa carrière, passant d’ingénieur à auteur, comédien ou encore conférencier. Une posture didactique qu’il cultive et qui lui permet de traiter ses sujets de prédilection : l’amour et le bonheur. « Je pense que l’amour est un thème inépuisable », sourit-il avec douceur. « Après aussi longtemps, j’ai toujours beaucoup de plaisir à en parler sur scène. Puisque mes parents se sont séparés à ma naissance, il y a une vraie motivation profonde de ma part à jouer ce spectacle. Il a toujours du sens pour moi. » Au fil du temps, l’artiste remarque d’ailleurs « que les femmes deviennent plus masculines et les hommes plus féminins. En particulier dans les nouvelles générations. » Des changements qu’il aime décortiquer, tout en rappelant que l’important est « de trouver un équilibre entre les polarités masculines et féminines que l’on a en chacun de nous. L’idée n’est pas de dire que l’une est meilleure que l’autre, mais d’accepter et respecter les deux sans retenue. » Pour l’illustrer, rien de mieux que le fameux exemple de l’appel téléphonique. Voyez plutôt : selon un homme, une femme peut joindre sa mère et rester en ligne pendant près d’une demi-heure… pour ne rien dire. « Au tout début, c’était la logique que j’adoptais », admet Paul Dewandre. « Pour moi, quand j’appelle quelqu’un, c’est pour dire quelque chose et ensuite, c’est fini. Puis, quand je me suis intéressé aux différences de fonctionnement entre les genres, j’ai compris qu’il existait ce besoin féminin d’être dans le partage de la relation plutôt que dans le simple partage de l’information. C’est de ce genre d’incompréhension que naissent les frustrations que l’on peut rencontrer dans un couple. » Des graines qu’il est content de semer dans l’esprit de son public, qui le suit parfois depuis plus de dix ans.


« Je me souviens d’un couple qui m’a envoyé un faire-part de naissance », se remémore-t-il. « C’est une jolie anecdote, car au moment où ils sont venus me voir, ils étaient au bord de la rupture. Ils ont toutefois fini par se comprendre et se réconcilier. » Plus cocasse, le Belge garde aussi en mémoire le moment où un spectateur l’a remercié pour l’avoir aidé à divorcer. « Cet homme est déjà venu me voir quatre fois », raconte-t-il. « Et à chaque fois, il s’est trouvé au bras d’une femme différente. Un peu comme si mon spectacle représentait pour lui le plan idéal pour conclure ! » Finalement, bien que l’amour reste un sentiment très complexe à expliquer, « on est amoureux lorsque l’on a envie de rentrer chez soi le soir », résume l’auteur du show.

 

À l’Eden (Sausheim) mercredi 12 avril, au PMC (Strasbourg) samedi 15 avril, à l’Espace Chaudeau (Ludres) dimanche 16 avril.
pauldewandre.com