Mélange de trap, hip-hop et electro-rock, Trapoline souffle ses notes décalées sur la scène strasbourgeoise depuis 2019. Le quatuor est de retour avec Luxembourg et prépare son deuxième EP.
Avec leurs lunettes en verre fumé en forme d’étoile et leurs K-ways fluo tout droit sortis d’un dressing des années 1990, les quatre amis de Trapoline imposent un style coloré. Âgés de 21 à 26 ans, Victoria, Antoine, Rémi et Louis-Taïs – les Colverts, comme ils se surnomment entre eux – pensent leurs personnages hauts en couleurs comme des exagérations d’eux-mêmes, « une façon de créer une séparation entre notre personnalité à la vie et à la scène », affirme Louis-Taïs, spécialiste rap de la team. Il précise : « En vrai, nous ne sommes pas aussi fous ! » La folie de ces drôles d’oiseaux passe aussi par leurs paroles décomplexées, ornées du son des basse, guitare et autre synthé. « Je reviens du Luxembourg, excusez-moi […] Luxembourg, c’est toi que j’aime ! », scande ainsi Victoria, la chanteuse à la voix pop pleine et harmonieuse, dans leur tout nouveau morceau. Ironie du sort, aucun d’eux ne s’est jamais rendu dans ce pays ! « Dans Luxembourg, mais aussi dans les trois autres extraits de Dancefloor Trash, notre nouvel EP, qui sortira en octobre, nous avons cherché à renforcer l’énergie du live », révèle Rémi, le bassiste. « Nous avons la volonté d’affirmer une nouvelle image, de créer des productions plus recherchées et plus détaillées instrumentalement », ajoute-t-il. Luxembourg est ainsi un titre en deux parties, une première pour le groupe. Dans un premier temps, un solo de slap bass se marie à des influences technos et festives. Avec un refrain frais et entêtant, la fine équipe cavale à cent à l’heure ! Puis, à l’inverse, la seconde moitié ralentit la cadence, posant une ambiance jazzy, plus sensuelle et lascive. Le texte, aguicheur à souhait, laisse immanquablement imaginer un décor capitonné baigné de lumières tamisées : « Je crois que j’ai oublié ma chemise… quel dommage », susurrent les deux chanteurs avec un sourire à peine voilé.
À mi-chemin entre les vibes trap et électroniques de Lorenzo et la fièvre sauvage de Shaka Ponk, les jeunes Colverts sont également de plus en plus comparés à Therapie TAXI, trio provocateur reconnu pour une écriture piquante tout aussi fantaisiste. « C’est plutôt drôle, car nous ne les avons jamais écoutés », s’amuse le rappeur. « Il serait peut-être temps de s’y mettre ! » renchérit son acolyte bassiste avant de conclure que le prochain opus de Trapoline prévoit « une esthétique différente à chaque morceau, alternant entre rock, hyperpop et hip-hop. » Rendez-vous dans un mois !
Trapoline se produit au cours de la 6e édition de Campus Alternatif (Campus de l’Esplanade, Strasbourg) le 7 septembre, événement musical coorganisé par le Crous de Strasbourg et l’Unistra
Sortie du single Luxembourg le 22 septembre
Sortie de l’EP Dancefloor Trash le 6 octobre
Release party à la Pokop le 6 octobre (20h, gratuit)
À 27 ans, Bruno Graffer vit de sa passion pour le graff sur les réseaux sociaux. Customisation, peinture, participation à des festivals… le Strasbourgeois multiplie les projets en 2023.
« J’aime dessiner sur des paires de baskets, je croque les cartes Pokémon en personnages parodiques depuis peu, j’ai eu la chance de peindre une pièce entière lors du dernier festival parisien Colors, en février… c’est que du fun ! » Bruno Bosse, alias Bruno Graffer, profite de chacune de ses réalisations pour l’immortaliser en vidéo, avant de la poster sur Internet. Avec quelque 221 000 abonnés sur Instagram, 593 000 sur YouTube et plus de 3 millions sur TikTok, le jeune homme aux cheveux décolorés et à la barbe de hipster a la chance de vivre de son art depuis fin 2020. « C’est aussi dû à l’effet Covid et aux confinements », admet-il. « À cette période, je vivais chez mes parents et j’avais également beaucoup plus de temps pour créer. »
Aujourd’hui, le Strasbourgeois originaire de Haute-Savoie n’est plus un anonyme dans l’univers de la création de contenus. « Il y a deux ans, j’ai pu peindre une fresque pour le youtubeur Squeezie… c’est l’un des projets que j’ai préférés ! » sourit-il. « Non seulement, il compte parmi ceux qui m’ont demandé le plus de temps et de réflexion, mais surtout, le résultat est impressionnant. » Un peu comme les 700 noms d’abonnés inscrits au marqueur sur le mur de son salon, qui ne passent définitivement pas inaperçus : « Cette idée a été lancée en 2021, durant un live sur la plateforme Twitch. Cela crée du lien avec ma communauté, mais actuellement, je n’ai plus de place… je me souviens pourtant de Vernex, le tout premier nom à y avoir été écrit. »
Bruno se rappelle aussi ses débuts avec le street art. « J’ai grandi dans un petit village haut-savoyard, donc autant dire que l’art urbain, là-bas, il n’y en a pas beaucoup. C’est déjà compliqué d’en voir, alors pour en faire, c’est encore pire ! » En 2016, il déménage à Lyon et débute une remise à niveau en arts appliqués, avant de se spécialiser en design graphique numérique à Villefontaine. En deux ans, il « découvre un peu ce monde, mais le regarde plus qu’il n’en fait partie. » Ce n’est qu’en 2018 qu’il arrive à Strasbourg, pour un master en design graphique au Corbusier. Là, il se familiarise avec le collage et apprend les règles du milieu, grâce à des échanges avec des artistes locaux.
En un peu plus d’un an, Bruno Graffer colle quelque 500 illustrations sur des boîtiers électriques, un espace « qui ne dérange personne et n’appartient ni au propriétaire du bâtiment, ni à la ville. » Toutefois, moins de cinq créations perdurent à l’heure actuelle, faisant du collage « un art frustrant et très éphémère. » D’autres belles rencontres émaillent également le parcours de ce professionnel de la bombe de peinture, notamment celle avec l’adjoint à la culture d’Angers. « L’été dernier, un ami et moi collions une céramique dans la ville, quand un homme nous a reconnus », se remémore-t-il. « Très naturellement, je lui ai proposé d’aller discuter autour d’une pizza, mais ce n’est qu’après que j’ai appris qui il était. Il adorait ce que nous faisions, il trouvait que ça décorait bien l’environnement. C’est génial qu’une telle personne apprécie notre travail ! Avec l’arrivée des beaux jours, Bruno réfléchit à l’organisation de séances de dessin à la craie, place Kléber, tous les mercredis. Une façon d’initier les curieux, comme il l’a lui-même été.
C’est un projet qu’Emil Leroy-Jönsson a porté huit ans, avant de pouvoir ouvrir, en juillet 2020, le 48° Nord Landscape Høtel (empruntant son nom à la latitude du site), l’un des endroits les plus étonnants d’Alsace. Hébergement composé de 14 hyttes – version scandinave de la hutte – accrochées à la montagne, il est, selon son concepteur, « un espace de liberté, où se conjuguent ouverture sur la nature et possibilité de profiter d’un lieu chaleureux. » Pour imaginer les quatre types de cabanes (deux ou quatre personnes, certaines étant munies de sauna ou de jacuzzi privatifs), le paysagiste a fait appel à un grand nom de l’architecture contemporaine, le norvégien Reiulf Ramstad. Cocons de vie, ces maisons de bois – « Du châtaigner des forêts de Breitenbach, scié en Alsace », précise Emil – hésitent entre épure élégante et harmonie minimaliste chic. Grâce à la sobriété des espaces s’ouvrant sur les paysages somptueux d’un site classé Natura 2000* et à la douceur des intérieurs (évidemment dépourvus de télévision) dont certains tutoient les nuages, chacun peut se laisser aller à une douce rêverie, quittant la frénésie de la vallée.
L’épicentre de ce charmant village nordico-alsacien est un long bâtiment passif abritant la réception, un spa et un restaurant où officie Frédéric Metzger. Jeune chef à l’instinct sûr et affûté, il est passé par de belles maisons. Les assiettes des menus sont composées d’ingrédients bio et locaux cultivés, cueillis, élevés, péchés ou chassés à moins de 150 kilomètres. La distance est divisée par cinq pour les vins, avec des flacons signés Jean-Pierre Rietsch ou Jean-Paul Schmitt. Aficionado de la gastronomie scandinave, le chef revendique une cuisine brute et spontanée, assumant une fascination pour René Redzepi, mythique trois Étoiles au Noma de Copenhague, puisqu’il utilise les techniques ancestrales de fumage et de fermentation. Le rapport au produit est frontal et la technique maîtrisée pour une cuisine brutaliste et goûteuse en diable où les saveurs sont démultipliées.
Le 48° Nord Landscape Høtel est situé 1048 route du Mont Sainte-Odile (Breitenbach). Séjours à partir de 225 € la nuit pour 2 adultes. Restaurant ouvert les soirs ainsi que le dimanche midi. Menus de 62 à 85 €. hotel48nord.com
*Sites possédant une forte valeur patrimoniale en raison de leur faune ou de leur flore. On recense notamment ici la présence du Grand Murin, rare espèce de chauves-souris.
Le printemps est là, apportant dans son sillage le retour des primeurs sur les marchés. Asperges, fraises, rhubarbe et même cerises rempliront bientôt les étals des marchés, pour le plus grand plaisir de la clientèle. Des produits de saison, locaux et de qualité, de plus en plus accessibles directement chez le producteur. Acheter son yaourt à la ferme, prendre un colis de viande chez l’éleveur d’à côté, aller chez son maraîcher, craquer pour le bon fromage du paysan voisin… La filière du circuit court, qui supprime ou limite drastiquement les intermédiaires entre les agriculteurs et le public connait un franc succès ces dernières années, notamment depuis la crise du Covid-19. « Il y a eu un fort besoin de réassurance sur ce que nous mangions », explique Yuna Chiffoleau, chercheuse à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Un regain d’intérêt qui s’explique aussi par le prix des produits, généralement plus abordables qu’en grande surface. Certes, on observe un ralentissement dans le secteur depuis la flambée des prix et l’inflation, dû notamment aux idées, souvent erronées ou confuses, que se font les consommateurs sur la filière. « Tout le monde pense que le bio est plus cher », expliquait ainsi Didier Picard, président de l’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap), à Besançon, il y a quelques semaines de cela dans les colonnes de L’Est Républicain. Avant de préciser : « Cela peut être le cas dans les magasins spécialisés ou dans les rayons des supermarchés, mais pas en circuit court. » Puisqu’ils nécessitent peu de déplacements, les produits vendus en circuit court se retrouvent par exemple moins dépendants de la hausse du carburant. D’ailleurs, les producteurs ne s’y trompent pas, eux qui assurent avoir gagné, en 2022, 5 à 30 % de clients par rapport à la période précédant les confinements, d’après les enquêtes de l’Inrae.
Le concept est particulièrement apprécié dans le Grand Est, surtout en Alsace. La région dispose en effet d’une production agricole très diversifiée, la classant dans le top 3 des territoires français consommant le plus de produits locaux, aux côtés de la Bretagne et du Pays basque, selon une étude publiée par l’association Jean Jaurès en janvier 2023. De la coopérative Hop’la, créée en 2012 à Oberhausbergen, à la démultiplication des drives à la ferme et des cueillettes libres, en passant par les distributeurs de choucroute et autres fromages installés par l’enseigne Mon oncle Malker de Munster dans le hall de la gare de Strasbourg, l’Alsace est ainsi devenue la région de France où les circuits courts sont les plus développés. Mais qu’on vive dans le Bas-Rhin ou dans les Ardennes, en Bourgogne ou en Lorraine, il est désormais facile de trouver son bonheur près de chez soi, notamment grâce à la carte interactive mise en place par l’UFC-Que Choisir, qui recense les points de vente spécialisés dans le circuit court partout en France. Laissez-vous tenter !
Les futurs gagnants ? C’est en tout cas au cours des épreuves de sélection régionale, diffusées la semaine du 6 mars sur M6, qu’Élodie Christ et Jimmy Gless ont tiré leur épingle du jeu.
Établi à Strasbourg depuis 2019, le couple de boulangers-pâtissiers portera les couleurs alsaciennes lors de la finale nationale, prévue ce mois-ci. « Cela fait quelques années que l’émission nous sollicite, mais nous n’avions ni le temps, ni les effectifs pour nous engager », révèle le jeune homme. Dès lors qu’ils donnent leur aval, tout va très vite : « Mi-novembre, un vendredi, je prends connaissance d’un mail de la production », continue- t-il. « Nous y répondons favorablement… deux jours avant la clôture des dossiers ! Dix jours plus tard, le 6 décembre, les équipes de tournage arrivent chez nous, prêtes à filmer. » S’ensuit un engouement auquel ils ne s’attendaient pas, exprimé par des messages sur les réseaux sociaux ou – plus traditionnel – des cartes dans la boîte aux lettres. « Dès le lendemain, ça a été la déferlante de clients », se souvient Élodie. Tous demandaient le fameux Réconfort imaginé spécialement pour le programme, une création à base de raifort, mascarpone et compotée de poire. « Il nous a fallu trouver un équilibre entre l’accueil et la production, car tout était multiplié par deux ou trois en une journée. Nous avons vécu trois semaines intensives, pendant lesquelles il a fallu aussi aider nos trois vendeuses dans le magasin. »
Huit artisans gravitent ainsi autour des fondateurs, avec leur parcours insolite. Ancienne étudiante en médecine et ex-sapeur-pompier de Paris, Élodie et Jimmy décident de se reconvertir et d’ouvrir leur entreprise. Grâce à une formation en pâtisserie-boulangerie, ainsi qu’un passage chez les chefs pâtissiers chocolatiers Thierry Mulhaupt (Strasbourg) et Mathieu Kamm (Sélestat), les amoureux dénichent, dans la capitale alsacienne, le local idéal, près de l’église Saint-Maurice. Un emplacement concurrentiel, dans la mesure où cinq autres bou- tiques sont situées à moins de deux cents mètres. « Pour nous différencier, nous changeons notre carte trois fois par an », affirme Jimmy. « Nous travaillons aussi le plus possible au niveau local. Notre meunier vient d’à côté de Gérardmer et il nous fournit en farines Label rouge. Les figues que nous utilisons dans nos entremets d’été proviennent également de nos vergers, tout comme une bonne moitié des fraises, framboises et de la rhubarbe. » La carte printemps-été se révèle d’ailleurs doucement : en plus d’un produit exotique mixant les saveurs mangue, passion, praliné et noix de coco, Élodie pense à un dessert à base de framboise et de fleur d’hibiscus. « On cherche encore un fruit avec lequel le marier, tout n’est pas encore défini », sourit-elle.