Conseillère littéraire des rencontres Clameur(s) pour la deuxième année consécutive, Sonia Déchamps en dit plus sur la 12e édition de cet événement littéraire.
Le festival prend place en plein cœur de Dijon, invitant public et auteurs à se rencontrer et à découvrir la littérature sous un nouvel angle. Comment cela s’exprime-t-il ?
La thématique de cette manifestation est le hors-champ, un concept large qui permet de parler de beaucoup de choses. Il se rapporte autant aux récits liés aux secrets – de famille notamment –, qu’à tout ce qui touche à l’identité, à ce qui est mis de côté ou ce qui évolue, comme la langue. Nous voulons rendre la littérature vivante. Cela passe par des rencontres avec les 23 auteurs invités, parmi lesquels Agnès Desarthe, Thomas Reverdy, Jérémy Fel, adepte de l’horreur, ou encore Matthieu Mégevand. Dans son livre Comme Après, ce dernier se confie sur sa rémission, une façon de célébrer la vie tout en ayant conscience que la maladie est toujours là, quelque part. Le samedi 15 juin, il prend part à un échange sur ce sujet, en duo avec l’écrivain Jean-Christophe Chauzy.
Le rendez-vous des Plaidoiries pour un Polar s’annonce comme un moment original. De quoi s’agit-il ?
C’est un peu comme si on assistait à un spectacle : des avocats du Barreau de Dijon viennent plaider la cause de trois auteurs et autrices, en se servant de leurs textes pour construire leur argumentaire. Cela permet de créer quelque chose de différent. L’année dernière, les Plaidoiries n’avaient pu avoir lieu, remplacées par un Apéro polar, au cours duquel des illustrateurs venaient crayonner pendant une rencontre avec le public. Cela nous a donné l’idée de lancer la Battle dessinée. Cette nouveauté voit s’opposer deux dessinateurs, qui doivent répondre à plusieurs défis sur paper board. À chaque fois, les spectateurs votent pour leur favori et peuvent repartir avec les œuvres.
La Murder party autour des mystères d’une abbaye, organisée à la Bibliothèque patrimoniale et d’étude, semble tout aussi insolite.
Oui, c’est vraiment un événement familial. Proposer des formats différents nous permet de diversifier les publics. Afin de poursuivre cet objectif et de continuer de faire vivre le festival en dehors des rencontres, nous avons proposé aux commerçants d’afficher des citations d’auteurs sur leurs vitres.
Parmi les temps forts
> Rencontre avec Agnès Desarthe (Bibliothèque Colette) Agnès Desarthe, grande invitée de la 12e édition de Clameur(s), est autrice de romans, nouvelles, essais et romans jeunesse. 18 h à 19 h 30 – Vendredi 14 juin
> Les Plaidoiries pour un Polar (Salle de Flore)
Qui de Jérémy Fel, défendu par Maître Cordin, Caryl Férey, défendu par Maître de Mesnard ou Marion Brunet, défen- due par Maître Pascaud, sera acquitté ? 19 h à 20 h 30 – Samedi 15 juin
> Murder party (Bibliothèque patrimoniale et d’étude) Une série de meurtres vient troubler le calme de la vie monastique. Hugues de Montconis, Abbé de l’Abbaye vous demande d’investiguer sur ces drames. Il vous donne carte blanche pour interroger les moines et les servants de la congrégation. Il n’y a pas de temps à perdre car l’inquisiteur dominicain va bientôt arriver et sa justice est réputée expéditive… 22h à 23 h 30 – Samedi 15 juin
> Battle dessinée (La Comédie)
Édith Chambon et David Prudhomme s’affrontent sur des mots proposés par le public, sur le thème de Clameur(s) 2024 : le hors-champ. Ils ont une minute pour scorer. 16 h à 17 h – Dimanche 16 juin
Pour sa nouvelle saison, l’Opéra de Dijon a souhaité proposer une programmation toujours foisonnante, ouverte aux différentes formes des arts vivants, dans laquelle les personnalités artistiques de premier plan côtoient les jeunes talents, et qui parcourt une très grande variété de répertoires.
C’est Agnès Jaoui qui mettra en scène L’Uomo Femina, une fable autour du genre, très actuelle bien qu’imaginée au XVIIIe siècle par Carlo Goldoni et Baldassare Galuppi. Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartok, mis en scène par Dominique Pitoiset, sera la première production lyrique dans l’histoire de l’Orchestre Français des Jeunes, portée par l’énergie et le talent de sa nouvelle cheffe Kristiina Poska. Amelie Niermeyer reviendra à Dijon pour une lecture renouvelée d’un des rendez-vous les plus émouvants de l’histoire de l’opéra : La Traviata avec l’Orchestre Dijon Bourgogne, placé sous la direction de Debora Waldman. Enfin, c’est entre Paris et Ceylan que se terminera la saison lyrique avec Les Pêcheurs de perles, premier chef-d’œuvre de Georges Bizet que mettra en scène Mirabelle Ordinaire et que dirigera Pierre Dumoussaud.
Les plus grands solistes seront en récital ou en concerto : les fidèles de l’Opéra de Dijon que sont Katia et Marielle Labèque, Bertrand Chamayou ou Renaud Capuçon, mais également Julia Fischer, Alexandre Tharaud, Elisabeth Leonskaja, Nour Ayadi, Alexandre Kantorow et Amandine Beyer. Seront accueillis également de prestigieux ensembles : l’Orchestre National de France, Le Cercle de l’Harmonie, l’Orchestre de chambre d’Europe, l’Orchestre Français des Jeunes, l’Orchestre de chambre de Bâle, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre des Champs-Elysées ou encore Le Poème Harmonique. Vous pourrez enfin venir écouter Anouar Brahem, Fatoumata Diawara, Camille et Katia Guerreiro et admirer les créations d’Angelin Preljocaj, Anne Teresa de Keersmaeker, Christian Rizzo, Ohad Naharin et Robyn Orlin.
Attentif à l’émergence et aux écritures contemporaines et plurielles, ouvert sur d’autres disciplines mais aussi sur le monde, Théâtre en mai est plus que jamais un temps fort théâtral, un espace de convivialité et de fête. Créations, propositions venues d’Europe ou d’ailleurs, hybridités des formes et propositions hors les murs sont au programme, pour des expériences inédites et joyeuses.
Théâtre en mai
Mode majeur de la fugue
Jennifer Cousin / Un jour, Martine décide de vendre sa ferme et prend enfin du temps pour elle. Le portrait en creux d’une femme qui, après une vie d’abnégation, s’émancipe par l’art. Vendredi 17 et samedi 18 mai à 18 h 30 ; dimanche 19 mai à 15 h (Parvis St Jean)
L’abécédaire acrobatique (et ses variations)
Aline Reviriaud / 2 acrobates et un comédien rendent vie à la pensée de Gilles Deleuze, dans un temps partagé joyeux et poétique. Vendredi 17 et dimanche 19 mai à 20 h ; samedi 18 mai à 17 h (Square des Apothicaires)
ANIMA
Noémie Goudal, Maëlle Poésy / Une performance immersive qui aborde plastiquement les mutations extrêmes des paysages au fil des temps. Une dérive poétique des continents, qui nous rappelle l’impermanence de l’humain face aux éléments. Vendredi 17, samedi 18 et dimanche 19 mai à 21 h 45 (Jardin de l’Arquebuse)
Call me Cosmos
Dancefloor avec le musicien Samuel Favart-Mikcha Samedi 18 mai à 23 h (Parvis St Jean)
Illusions
Ivan Viripaev, Galin Stoev / Les souvenirs de deux couples mariés et amis depuis 50 ans, qui au crépuscule de leur vie réinterrogent leurs sentiments. Samedi 18 mai à 19 h ; dimanche 19 mai à 17 h ; lundi 20 mai à 15 h (Théâtre Mansart)
Radio en mai
La radio du festival, animée en direct et en public. Du 18 au 25 mai (Parvis St Jean et hors les murs)
On ne fait pas de pacte avec les bêtes
Justine Berthillot, Mosi Espinoza / Ce duo de circassiens compose une forêt irréelle et donne à voir les luttes politiques, écologiques et sociales menées en Amazonie. Samedi 18 mai à 19 h 30 ; dimanche 19 mai à 16 h ; lundi 20 mai à 15 h (Salle J. Fornier)
Éducations sentimentales
Julie Berès, Kevin Keiss / Peut-on s’inventer « homme » par-delà les cadenas normatifs ? Une pièce qui dégomme les conventions. Dimanche 19 mai à 19 h 30 ; lundi 20 mai à 17 h 30 (La Minoterie)
Le iench
Eva Doumbia / Un « coup de poing théâtral » qui sans militantisme témoigne d’un racisme structurel. Mardi 21 et mercredi 22 mai à 19 h (Parvis St Jean)
Héritage
Cédric Eeckhout / Un dialogue théâtral, tendre et sincère, entre une mère et son fils, qui questionne avec légèreté l’héritage qu’une génération laisse à une autre. Mardi 21 mai à 20 h ; mercredi 22 mai à 21 h ; jeudi 23 mai à 19 h (atheneum)
Partie
Tamara Al Saadi / Une plongée dans une réalité sensible, l’horreur du front, qui dénonce la propagande de guerre qui annihile tout ressenti individuel. Mercredi 22, jeudi 23 et vendredi 24 mai à 19 h (Square des Apothicaires)
SILENCE VACARME
Pauline Ringeade, Claire Rappin / Expériences sensibles, récits intimes, perspectives historiques et faits scientifiques se mêlent pour faire entendre les chants du monde et de la nature. Jeudi 23 mai à 21 h 15 ; vendredi 24 mai à 18 h : samedi 25 mai à 15 h (Théâtre des Feuillants)
Nous ne sommes plus…
Tatiana Frolova / En 2022, en Russie, les membres du KnAM théâtre sentent l’urgence à sauver leur peau et se réfugient en France. Nous ne sommes plus… est l’histoire de leur exil. Vendredi 24 mai à 18 h 30 ; samedi 25 mai à 20 h 30 ; dimanche 26 mai à 15 h (Théâtre Mansart)
Depois do silêncio (Après le silence)
Christiane Jatahy / Pour dénoncer les stigmates de l’esclavage et du racisme, l’artiste brésilienne entremêle le théâtre et le cinéma. Vendredi 24 mai à 21 h ; samedi 25 et dimanche 26 mai à 17 h 30 (Salle J. Fornier)
Plutôt vomir que faillir
Rébecca Chaillon / L’histoire de quatre jeunes d’aujourd’hui en pleine tempête adolescente, avec son lot de bouleversements émotionnels et corporels. Vendredi 24 mai à 21 h ; samedi 25 mai à 17 h 15 ; dimanche 26 mai à 15 h (La Minoterie)
Karaoké des auteur.rices
Kevin Keiss a imaginé un karaoké qui mêle récits et chansons des auteur·rices et du public pour former une communauté éphémère. Samedi 25 mai à 22 h 30 (Parvis St Jean)
Renseignements, réservations : +33 (0)3 80 30 12 12 – tdb-cdn.com Du 17 au 26 mai
Intergénérationnel, joyeux et participatif, le festival international jeunes et tous publics À pas contés revient à grands pas, du 9 au 23 février, avec au programme de cette 24e édition une vingtaine de spectacles, dont la moitié sont des créations.
Un temps fort du spectacle vivant qui a attiré 8 000 personnes l’an passé, où compagnies nationales et internationales sont à l’honneur, entre spectacles de marionnette, théâtre, danse, musique et lectures, rythmés par différents moments de partage lors d’ateliers, goûters, masterclass et expositions prévus dans la Métropole Dijonnaise ainsi qu’en milieu rural, au sein de la Communauté de communes du pays d’Arnay Liernais et pour la première fois à Saint-Seine-l’Abbaye : « Ce projet concerne plusieurs écoles du canton, où élèves et enseignants pourront voir le spectacle Bibliothé-Claire, de la compagnie norvégienne Sagliocco Ensemble », annonce Sandrine Cambon, coordinatrice du festival.
L’Arbre à souhaits Le public est invité à un Bal marionnettique inaugural, à la salle Devosge, où sera exposé l’Arbre à souhaits, œuvre du plasticien Benjamin Grivot sur laquelle seront suspendus les voeux des participants pour un avenir meilleur. Le fil conducteur de cette édition est en effet inspiré de la citation suivante, extraite de la pièce Le poids des fourmis, de David Paquet : « Croire que je peux agir sur le monde me donne l’envie d’en faire partie ». L’équipe du festival espérait cette collaboration depuis longtemps avec la compagnie Bluff : « Leur vision résume bien ce que l’on a envie de proposer aux jeunes, c’est-à-dire de réfléchir au monde tel qu’il est : lorsque je regarde le monde, dois-je forcément être pessimiste, ou est-ce que l’optimisme à l’heure actuelle témoigne d’une forme de déni ? ». Cette réflexion philosophique, David Paquet l’a menée avec des collégiens et des personnes plus âgées dont les réponses ont été compilées dans un manifeste adressé à la presse et aux élus en clôture de la manifestation.
Du rêve à la réalité… Après la venue en décembre dernier de Faustine Noguès pour Surprise Parti, son spectacle autour de l’engagement politique d’Angela Davis, la metteuse en scène sera de nouveau présente pendant le festival avec Moi c’est Talia, questionnant l’esprit rêveur et ce dont est constitué le cours des pensées à l’état méditatif. « Ce qui nous intéresse, c’est de montrer la relation qui existe entre un spectacle jeune public et un spectacle tout public que l’on programme pendant la saison », développe Sandrine Cambon. Unearticulation qui s’opère dans cette édition en dessinant la trajectoire de l’utopie au champ des possibles et à leur concrétisation.
Cette édition philanthropique puise ainsi dans l’imaginaire de chaque génération la formule d’un futur réinventé, plus optimiste et libéré de ses chimères collectives, dont on entrevoit les pré-figurations bienveillantes au travers des illustrations fantasmagoriques de la charte graphique du festival, signée par Nicolas Baguet.
24e festival international jeune et tous publics Billetterie : +33 (0)3 80 30 98 99 abcdijon.org
Inauguration vendredi 9 février à 19 h 30 (salle Devosge) Du 9 au 23 février